« Toutes mes actions sont en conformité avec l’accord du 6 février », affirme Jocelerme Privert
Le président provisoire fait preuve de foi. Dans une interview accordée mardi à Radio Magik 9, le chef de l’État n’a exprimé le moindre doute sur la possibilité de son Premier ministre d’obtenir un vote favorable au Parlement. Il en a profité pour annoncer plusieurs innovations en ce qui a trait à la taille du prochain gouvernement et confirme que des dispositions ont déjà été prises en vue de venir en aide aux victimes d’inondations dans le Nord.
Alors que des sénateurs du groupe minoritaire annoncent qu’il n’y a aucune chance pour le Premier ministre Fritz-Alphonse Jean de bénéficier d’un vote de confiance pour la déclaration de sa politique générale, Jocelerme Privert ne s’inquiète de rien. «J’ai la confiance pleine et entière qu’il passera l’étape du Parlement», a-t-il confié mardi lors de cette interview . «Autant que je sache, a poursuivi le président provisoire, il y a des blocs parlementaires à la Chambre des députés qui sont en train de rechercher un consensus pour permettre à ce que le Premier ministre puisse bénéficier d’une majorité pour sa ratification». Des consultations seraient également en cours avec le groupe majoritaire au Sénat pour que le Premier ministre soit ratifié, selon M. Privert.
Le président provisoire révèle que le dossier de Fritz-Alphonse Jean a été transféré ce mardi au Parlement qui, en attendant de le convoquer pour faire l’énoncé de la déclaration de sa politique générale, devra se pencher sur son éligibilité. La nomination de Fritz-Alphonse Jean a suscité une levée de boucliers au Parlement. Les groupes minoritaire au Sénat et majoritaire à la Chambre basse estiment qu’il n’y a pas eu de consensus sur le choix de l’ancien gouverneur de la banque centrale et que l’accord du 6 février n’a pas été respecté. «Jusqu’a présent, toutes les actions et les démarches que j’ai entreprises sont en conformité avec l’accord et la Constitution», se défend l’ancien président du Sénat.
Jocelerme Privert rejette les arguments selon lesquels il n’avait pas eu la garantie des présidents des deux chambres sur le vote de la déclaration de politique générale de son Premier ministre. «Les présidents des deux chambres n’ont pas à donner de garantie. ils doivent être consultés», précise-t-il. Le président provisoire rappelle que, suivant l’accord du 6 février, il a pour obligation de nommer un Premier ministre après consultation de l’ensemble des secteurs de la société et les partis représentés au Parlement, les partis non représentés et tous les acteurs de la vie nationale. «Le Premier ministre a été nommé et investi dans ses fonctions en stricte application des dispositions de la Constitution», soutient encore le président de la République.
Proposé par le secteur des droits humains, Fritz-Alphonse Jean répondrait à toutes les exigences pour être un bon Premier ministre dans le contexte actuel, selon Jocelerme Privert. «Premièrement, Fritz Jean est un citoyen haïtien. Deuxièmement Il a été proposé par l’un des acteurs que j’ai rencontrés. Troisièmement, il réunit toutes les conditions exigées par la Constitution», évoque le président provisoire, qui croit fermement en la capacité de son Premier ministre à rassembler tous les acteurs. M. Privert annonce qu’il ne va pas entrer dans un conflit avec des collègues avec qui il a partagé cinq années de collaboration au Parlement.
Vu tantôt comme proche de Fanmi Lavalas, tantôt comme proche de Verite de René Préval, Jocelerme Privert explique qu’il veut être au-dessus de la mêlée et capable de collaborer avec tous les secteurs. «Je suis un citoyen haïtien qui a consacré plus de quarante ans de sa vie à servir l’Etat, aujourd’hui président de la République par un concours de circonstances grâce à la confiance de mes collègues parlementaires, je fais appel à toutes les compétences de ce pays, quels qu’ils soient et où ils se trouvent pour collaborer à cette œuvre qui consiste à organiser des élections dans un délai maximum de 120 jours, initier le dialogue et l’entente nationale et commencer le processus d’institutionnalisation du pays en essayant de doter le pays d’institutions républicaines permanentes à l’instar du Conseil électoral permanent du Conseil constitutionnel», martèle Jocelerme Privert. Le président provisoire confirme la présence dans son équipe de Yves Cristalin et de Daly Valet, issus de deux horizons différents.
Pas de souci malgré l’absence de gouvernement
Jocelerme Privert ne se fait pas de souci malgré l’absence d’un gouvernement à un moment où le pays fait face à des inondations dans le Nord. «N’oubliez pas non plus que je suis un ancien ministre de l’Intérieur qui est responsable de la gestion des catastrophes naturelles. En tant que ministre de l’Intérieur, j’étais président du secrétariat permanent de la gestion des risques et désastres. Par conséquent, le citoyen Jocelerme Privert, le président de la République, sait quoi faire en vue d’apporter les premiers secours aux personnes victimes en cas de catastrophe», avance M. Privert qui prétend connaître comment fonctionne l’État. Il confirme que des dispositions ont déjà été prises en vue de venir en aide aux personnes victimes. Il en a profité pour rappeler aux ministres déserteurs qu’ils sont responsables de leur ministère. «La Constitution est formelle, lorsqu’un Premier est démissionnaire, il reste en poste pour liquider les affaires courantes jusqu’à l’installation de son successeur. Cette provision constitutionnelle est aussi valable pour les ministres. Je ne crois pas qu’il existe aucune disposition constitutionnelle autorisant un ministre à abandonner son poste. Les ministres restent ministres et responsables de leur ministère jusqu’à ce que de nouveaux ministres soient installés à leur poste», a-t-il souligné à leur attention.
Danio Darius
daniodarius001@yahoo.com/ Le Nouvelliste